Commune de Machilly

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DISCOURS DU 8 MAI

Discours de Madame la Maire, Pauline PLAGNAT-CANTOREGGI

Mesdames et messieurs les membres du conseil municipal, Machilliennes et Machilliens,

Bonjour et bienvenue à la cérémonie de la commémoration de l’armistice du 8 mai 1945, organisée avec notre Conseil Municipal des Jeunes, l’harmonie municipale de Machilly-Saint-Cergues, les élèves de l’école primaire de Machilly, et – comme vous l’avez noté – l’association Histoire et Mémoire Militaire Alpine, qui nous replonge dans l’ambiance de l’époque pour célébrer les 80 ans d’un armistice mettant fin à l’une des guerres les plus effroyables du XXe siècle.

Je remercie les jeunes du village ici présents pour leurs mots si sincères. Je remercie également les écoliers présents avec nous, qui continuent à porter la mémoire, et ainsi, nous rappellent pourquoi nous nous rassemblons aujourd’hui.

La Seconde Guerre mondiale reste un symbole important de notre territoire. Elle a forgé l’identité de ces lieux. Dans la mémoire collective, ses événements, ses héros locaux et nationaux sont célébrés et remémorés à travers des chemins de mémoire, des expositions, des ouvrages. Car ici, la mémoire est prégnante dans l’histoire de nos familles, de nos lieux de vie. Les Résistants et les Justes que nous célébrons sont à la fois nationaux et locaux. De hauts faits de résistance ont eu lieu partout dans les environs, et des lieux qui leur sont dédiés jalonnent aujourd’hui notre territoire : d’Étrembières à Annemasse, à Ville-la-Grand, à Saint-Cergues, au mur du souvenir du Juvénat ou encore au chemin Michel Hollard à Machilly, pour ne citer qu’eux.

Ces lieux témoignent de ce combat mené par des gens ordinaires, des gens d’ici, dans leur quotidien, devenus extraordinaires au moment de relever le défi de la solidarité. Ils nous rappellent la valeur de la vie humaine. Ils nous rappellent de ne pas accepter les morts et les blessés, et que – parce que chaque vie compte – chaque geste compte. Chacun, à son échelle, peut sauver une vie.

Nous l’avons commémoré l’été dernier alors que nous célébrions les 80 ans de la libération de Machilly, à l’ancienne hostellerie savoyarde, pour honorer notre histoire locale. Car si l’année 1944 représentait notre libération, 1945 mettait officiellement fin à un conflit qui avait perduré bien au-delà de nos frontières, continuant à saccager des vies humaines ailleurs en France et dans le monde.

Après avoir découvert les horreurs des charniers des camps de concentration, Eisenhower n’accepta rien de moins qu’une capitulation totale. Un acte militaire fut signé le 7 mai 1945, avant qu’un acte politique, le 8 mai à 23h16, n’entérine définitivement la fin des combats sur tous les fronts en Europe. La guerre se poursuivait cependant en Asie jusqu’à la capitulation du Japon le 2 septembre, après les terribles événements d’Hiroshima et de Nagasaki.

Il y a 80 ans, la liesse se répandait dans toute la France et dans le monde, face à la capitulation allemande, mettant fin à un conflit provoqué par les ambitions d’un homme qui, profitant d’une crise économique et sociale, avait exacerbé les divisions existantes dans une société autour de la haine, du mépris de l’autre, de la jalousie, du refus des diversités d’opinions, religieuses et culturelles.

Pourtant, ce moment de liesse que nous célébrons aujourd’hui est assombri par les conflits qui déchirent le monde actuellement. L’instabilité géopolitique internationale nous fait craindre un retour du chaos. Depuis quelques années, nous assistons à une guerre terrible en Ukraine. Puis, après l’horreur du 7 octobre 2023, un conflit vieux de près de 80 ans continue de détruire des milliers de vies sur le territoire de Gaza. Et voilà que, depuis une semaine, c’est une péninsule entière, représentant un cinquième de la population mondiale – l’Inde et le Pakistan – qui entre en conflit ouvert, eux aussi prisonniers d’un contentieux larvé depuis 1947.

Partout dans le monde, en Europe comme ailleurs, comme un mouvement de pendule, refleurissent des discours porteurs d’intolérance et de nationalisme exacerbé. Des autocrates et des gouvernements extrémistes jouent aux apprentis sorciers en manipulant les peurs de sociétés marquées par les crises économiques, sociales et environnementales. C’est le cas, par exemple, de Donald Trump aux États-Unis, qui use de la guerre économique pour flatter les nationalismes, provoquer des replis identitaires et exacerber des tensions que la diplomatie et une gouvernance mondiale unie avaient réussi à contenir, malgré les inévitables heurts.

Oui, des conflits, il y en a eu, il y en aura toujours. Nous sommes toutes et tous différents. Nous avons des intérêts, des envies, des ambitions, des pratiques sociales différentes. Les lignes de fracture sociales existent et existeront toujours, autour des inégalités, des aléas de la vie, des fragilités humaines. Mais c’est la manière dont nous gérons ces fractures qui nous empêche de basculer dans le précipice entre conflit et guerre.

Un conflit n’appelle pas forcément aux armes ni à la violence – cela ne doit être qu’un dernier recours, et heureusement. Les deux guerres mondiales du XXe siècle semblaient nous avoir donné les leçons nécessaires pour modeler les outils du dialogue, pour apprendre à préserver ce fragile équilibre entre reconnaissance des droits et devoirs de chacun. Il s’agit de réconcilier l’irréconciliable par la raison.

Une civilisation de paix est une civilisation qui se dote des outils du dialogue, qui choisit de museler les va-t-en-guerre. Dans ces moments de tension, les fantômes de la haine et des divisions du passé semblent revenir nous hanter. Plus que jamais, nous devons rassembler celles et ceux qui croient en une paix durable, en un dialogue raisonné. Plus que jamais, nous devons profiter de ce jour où nous fêtons la victoire pour réapprendre les leçons du passé et éviter qu’une victoire ne se fête à nouveau sur des millions de corps.

C’est ainsi que nous rendrons hommage à celles et ceux qui sont tombés pour ces idéaux de paix et de réconciliation, pour combattre la barbarie : à tout prix la prévenir, à tout prix la combattre dans nos mots, dans nos actes, avant qu’elle ne survienne.

Victor Hugo nous rappelait que « c’est dans l’esprit des hommes que naissent les guerres, c’est dans leur esprit qu’il faut ériger la paix ».

Merci.

Discours du Conseil Municipal des Jeunes – textes écrits par eux-mêmes

Jaouen :
Aujourd’hui, nous fêtons les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est pour cela qu’il est important de célébrer la commémoration et de transmettre aux générations futures tout le mal qui a été fait dans le passé. L’entraide et la tolérance sont les clés pour ouvrir la porte de la paix.

Enzo :
La paix est quelque chose que nous devons garder au chaud. Regardons le traumatisme et le massacre qui ont coûté la vie à plus d’un en 14-18 ou en 39-45.

Poème d’Emma Cantoreggi : L’ombre des canons

La nuit pesait sur l’homme, immense et sans étoile,
Et la guerre, en hurlant, déchira le vieux ciel.
Les peuples titubaient sous l’éclat du métal,
Et le sang ruisselait comme un fleuve cruel.

L’enfant n’avait plus mère, et l’aïeul plus lumière,
Les cloches ne sonnaient que pour l’ombre et la pierre.
Partout le fer, le feu, l’oubli, la trahison,
Et l’âme, en son exil, pleurait sa déraison.

Mais dans le noir, parfois, jaillissait une flamme,
Un regard, un refus, la tendresse d’une femme.
Et ce fut par l’amour que mourut la terreur :
Le jour chassa la nuit, les pleurs forgèrent l’heure.

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