Mesdames et messieurs, (madame la député, Monsieur le sénateur, messieurs les représentants de l’ANACR, des anciens parachutistes, monsieur le maire de Saint Cergues, madame la maire de Loisin, Mesdames et messieurs les membres du conseil de …, machilliens et machilliennes) Bonjour et bienvenue à la cérémonie de la commémoration de la libération de notre village accompagnés par l’Harmonie municipale que nous remercions d’être encore et toujours présents dans toutes nos cérémonies. Du fait de la situation sanitaire particulière, je vous demanderai de respecter les consignes de distances de sécurité physique ou de mettre un masque si vous êtes trop proches les uns des autres. Je vous rappelle également que malheureusement, nous ne pourrons pas non plus vous offrir le verre de l’amitié. Merci d’être toutes et tous présent-e-s malgré ces circonstances. Nous commençons la cérémonie par :
Hommage aux morts
Ouvrez le ban
Dépôt de gerbe par le CMJ
Dépôt de gerbe par l’ANACR
La sonnerie aux morts et la minute de silence
La Marseillaise
Mot de L’ANACR :
Nous nous rassemblons à nouveau dans un contexte sanitaire qui nous fait vivre une drôle d’année, ce printemps et cet été ont été particulièrement anxiogènes. Aujourd’hui nous allons devoir apprendre à vivre avec ces gestes barrières et les masques, avec distanciations physiques mais sans mettre trop de distance sociale non plus, nous devons rogner sur notre liberté de célébrer, contraindre nos habitudes à des gestes qui doivent devenir automatiques. Cela nous coûte… Cependant, nous savons qu’à d’autres moments, des situations bien plus difficiles ont pu être surmonté grâce au courage et à la solidarité des hommes et des femmes de notre territoire. Je ne cherche pas ici à relativiser la difficulté de la période que nous traversons, mais dans les temps difficiles, nous pouvons aussi nous tourner vers notre passé sur lequel s’est construit notre avenir. Aujourd’hui nous nous retrouvons pour célébrer un de ces moments forts : la libération de notre village, libération suite à des années de guerre, de privations et d’occupation, des contraintes sans aucune commune mesure avec la situation actuelle.
Comme chaque année nous prenons ce temps afin de nous remémorer ensemble cette page importante de notre histoire, que nos parents, nos grands-parents ou nos arrières-grands-parents, selon notre âge, des proches, nous ont narré durant notre enfance, chacun apportant sa petite anecdote : un combat, une blessure… Ces souvenirs sont encore très prégnants dans nos mémoires localement et pourtant ils seront perdus si nous ne les partageons pas. En effet, aujourd’hui au regard du dynamisme de notre territoire (un des plus dynamiques de France), beaucoup de nouveaux habitants, attirés par la beauté de notre environnement, nos montagnes et la proximité économique avec la Suisse, viennent s’installer ici et nous devons nous attendre à ce que les nouveaux arrivés ne connaissent que peu notre région et son histoire. Ainsi, parfois, on nous demande pourquoi les célébrations de la fin de la 2eme guerre mondiale et l’histoire de la résistance semble si farouchement ancrée dans notre territoire. A nous de continuer à leur relayer, ainsi qu’à nos enfants et à toutes celles et ceux qui vont construire le territoire de demain, les heures sombres et glorieuses de notre passé : tout d’abord par devoir de mémoire et d’honneur à ceux et celles qui se sont battus, qui sont tombés pour nous permettre de vivre cette avenir dont nous jouissons, mais également afin de les imprégner de l’Histoire (avec un H majuscule), celle produite par les hommes et les femmes de notre région si particulière, et montrer que ce qui fait les atouts attractifs de notre région ici et maintenant, ont également été les atouts incontournables pour résistance locale et nationale.
Rappelons que La Haute-Savoie fut le premier département libéré par ses seules forces de résistants, un cas unique en France. Comme le rapportent les écrits, si le débarquement sur les côtes provençales a débuté le 15 août 1944, depuis plusieurs jours déjà les maquisards haut-savoyards avait lancé leur manœuvre, entamant le moral des troupes allemandes. Et au moment où les Alliés posent le pied sur le littoral dans le Sud, Saint-Cergues et Machilly, deux hameaux à l’époque, seront les premiers endroits libérés dans le département. Pourquoi ? Les historiens le rappellent : Eh bien parce qu’"à Machilly se trouvait une garnison allemande très importante qui œuvrait sur tout le Chablais ». Tout le monde souligne l’importance de la libération de Machilly pour fermer les possibilités des renforts et des forces Allemandes d’envahir le territoire du Chablais et ainsi permettre la libération de Thonon, Evian…
En effet, dans le passé déjà Machilly était l’étape obligée pour aller dans le Chablais. En 1944, plus que jamais sa position en fait un grand enjeu stratégique. Mais si les forces pour la libération de la Haute Savoie se coordonnent, une erreur amène les combats à l’hostellerie savoyarde (actuellement notre foyer Saint François) beaucoup trop tôt : les 2 forces du Chablais et d’Annemasse pensait que Machilly faisait partie de leur secteur… ; de ce fait, les combats pour la libération de Machilly commencent le 15 aout, par des défaites, et la population fuit, avant que le combat ne reprennent dans la nuit du 15 au 16 aout et que les allemands capitulent, notamment grâce à l’appui de Saint Cergues ayant bloqué les renforts de la garnison au bois Davaut . La libération de ces 2 communes a permis par la suite de lancer une réaction en chaîne démoralisante et aboutissant à la chute des autres bastions allemands en Haute Savoie.
A ce moment- là, comme au cours de toute son histoire, Machilly, petit village rural, tranquille, écrin de verdure aux portes de Genève, voit son destin se dessiner du fait de sa situation géographique particulière : à la croisée des chemins entre Chablais, Genevois et Faucigny… Situation qui perdure puisque nous sommes toujours à la frontière entre 2 agglomérations et devant faire face au défi de la coordination notamment face aux transports publics et aux aménagements de mobilité douce…
Mais cette petite histoire de Machilly dans la grande Histoire démontre plus que jamais la nécessité de ne pas baisser les bras, de comprendre comment quelques jours, quelques milliers d’hommes et de femmes dont beaucoup sont restés anonymes, ont fait basculer le destin d’un département, en puisant dans leur courage et en mettant de côté leurs différences, qui les ont rattrapées par la suite, mais pas au moment de faire face aux défis. Les combats d’aujourd’hui seront les piliers de notre avenir, gardons cette leçon pour répondre aux défis sanitaires, écologiques et sociaux qui nous restent à affronter.
Merci.
Suivi de la lecture du poème par la CMJ : « Strophes pour se souvenir » Louis Aragon, Le Roman inachevé, Paris, 1956.